« La discussion objective sur la stratégie d’Engie a été soigneusement évitée » – Burgundy School Of Business

« La discussion objective sur la stratégie d’Engie a été soigneusement évitée »

Publié le 08 février 2020 à 06h00   Temps deLecture 4 min.

« Voilà le sort de cette dirigeante scellé par des opposants qui ne manquent pas de rhétoriques pour justifier leurs actions » (Photo: la directrice générale d’Engie, Isabelle Kocher, et le président, Jean-Pierre Clamadieu en 2019).

 

Tribune. Le conseil d’administration d’Engie a entériné, le 6 février, la décision de ne pas renouveler Isabelle Kocher à son poste de directrice générale. Que lui reproche-t-on exactement ? Jusqu’à présent, le débat a porté davantage sur le symbole qu’elle représente, seule patronne du CAC 40, que sur ses compétences.

Mais au-delà du fait que c’est une femme et de tous les tracas que cela provoque, dans quelle mesure ses compétences, justement, et la stratégie d’Engie sont contestables ?

Isabelle Kocher a présenté le plan stratégique 2019-2021 d’Engie à Londres le 28 février 2019, visant à « inventer un nouveau secteur pour s’imposer comme le leader mondial de la transition énergétique ».

Il n’y a pas plus onéreux que le gratuit

Pour ce qui est d’investir dans les énergies renouvelables, via les parcs éoliens et le solaire, cela semble pertinent au regard des enjeux de transitions énergétiques, à l’heure où les travaux scientifiques alertent le monde entier sur l’irresponsabilité de nos modes de vie.

D’un point de vue plus pragmatique encore, la faiblesse des investissements dans les éoliennes a été pointée du doigt récemment, mettant en évidence l’immense besoin du marché.

Cependant, extraire et capter l’énergie sont des activités coûteuses, et l’expérience montre malheureusement qu’il n’y a pas plus onéreux que les énergies « gratuites ». Les résultats du choix stratégique tourné vers la transition énergétique seront donc visibles à plus ou moins long terme, sans compter les freins sociologiques et économiques propres aux consommateurs. Il n’est donc pas très raisonnable, voir même pas très honnête, de juger des compétences de la directrice générale d’Engie sur ce sujet à l’échéance d’une seule petite année.

Pour ce qui est du plan opérationnel destiné à financer cette transition énergétique, Isabelle Kocher a misé sur un axe principal : prioriser les services à haute valeur ajoutée vendus à de grandes entreprises et aux collectivités locales. En effet, le prix du gaz vendu par Engie en France reste réglementé pour les particuliers jusqu’au 30 juin 2023 – bien que les contrats à ce tarif ne soient plus commercialisés depuis novembre 2019.

Un problème pour l’en exclure

Ce tarif régulé avait été jusqu’alors préservé pour des questions de services publics et d’accessibilité à tous. En revanche, les prix sont négociés pour les professionnels, les entreprises et les collectivités locales, laissant à Engie plus de marges de manœuvre pour dégager du chiffre d’affaires. C’est précisément en jouant sur les services qu’Engie envisage la possibilité de négocier des prix plus élevés.

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